Qui est Chloé Deligne ?
- Chercheuse qualifiée du FRS-FNRS et enseignante à l’ULB, coordinatrice du Laboratoire interdisciplinaire en Etudes urbaines.
- Co-auteur du projet de recherche « Un nouvel hinterland ? Histoire, pratiques et espaces de l’agriculture urbaine à Bruxelles » et de l’ouvrage « Terres des Villes. Enquêtes potagères de Bruxelles aux premières saisons du 21e siècle ».
- 46 ans, vit et travaille à Bruxelles.
Le mot-clé
Le mot-clé de Chloé Deligne ? Hybridation.
Bruxelles doit composer avec des langues, des cultures, des parcours de vie variés. Sur cette diversité vient se greffer une liberté d’association, inscrite dans notre Constitution, ainsi qu’une longue histoire de luttes pour défendre la ville. Notre héritage et la diversité actuelle donnent à la ville quelque chose de particulier. Bruxelles est complexe, c’est ce qui la rend si intéressante.
Un job au cœur de l’innovation
Chloé n’aime pas parler d’innovation et lui préfère le mot transformation.
L’innovation est associée au langage managérial, elle valorise la nouveauté comme un gage de solution et nous empêche de voir les richesses de ce qui existe et qui s’est construit au fil de notre histoire. Je préfère parler de transformation, car on ne part jamais d’une feuille blanche. En tant qu’historienne, j’essaie de donner des outils pour transformer le monde dans lequel on vit. Bien connaître les lieux où l’on vit donne de bons moyens de les faire exister, pour ensuite les transformer et agir au niveau local, avec des solutions concrètes. Ainsi, aujourd’hui, on développe des concepts d’agriculture urbaine sans connaître l’histoire des potagers bruxellois. Nous avons des lieux où l’on cultive avec succès depuis 100 ans. Il s’agit d’une agriculture de subsistance, là où l’agriculture urbaine actuelle propose avant tout un business model, avec de nouvelles techniques pour cultiver des produits à forte valeur ajoutée, pensés en termes d’économie de marché mais qui ne nourrissent pas une population. Depuis la révolution industrielle, l’innovation est pensée dans une économie de marché. Cela fait partie du problème historique de la science et de la technologie.
Un projet sous la loupe
Le projet hinterland s’est intéressé aux ressources nourricières qui existent à l’intérieur du territoire bruxellois. Les chercheurs ont découvert des tas de lieux, historiques et pourtant peu documentés, qui disparaissent alors que paradoxalement il y a une volonté de ramener l’agriculture en ville.
Dans ces logiques contradictoires, notre étude est une contribution à la compréhension de tout ce qui se passe à Bruxelles en matière de terres cultivées. Elle n’apporte pas de solution-clé mais peut faire évoluer le regard que l’on porte sur le monde et la façon dont on le transforme, apporter des enseignements du passé et du présent, et éventuellement promouvoir d’autres façons d’agir pour le futur.
Bruxelles, City of Innovators
Plutôt que l’innovation, Chloé évoque l’invention, l’inventivité qui caractérise Bruxelles.
C’est une ville très intéressante et riche dans ses nombreuses dimensions. Il y règne une diversité foisonnante et une grande inventivité. Cette vitalité est aussi liée à la grande richesse de la société civile et du tissu associatif bruxellois.
Dans son job, elle aime…
Ce qui me passionne, c’est d’essayer de comprendre les lieux où je vis, dans leurs aspects les plus multiples. Je ne suis pas une théoricienne, j’adore observer ce qui m’entoure, arpenter, me laisser surprendre par l’inattendu, être en contact avec des éléments qui paraissent des détails mais s’intègrent en fait dans des réflexions beaucoup plus larges. Ces observations permettent un travail d’écologies : comprendre comment les êtres et les choses entrent en interaction pour créer le monde, et comment elles s’inscrivent dans le temps.
Son parcours
Diplômée en histoire de l’Université libre de Bruxelles (ULB), Chloé a complété sa formation par des études en gestion de l’environnement et en géographie humaine. Un choix guidé par sa manière de percevoir le monde qui l’entoure, qui explique son parcours de recherche.
Conseils aux innovateurs bruxellois
2) Oser les hybridations : dans la nature, les espèces hybrides sont nouvelles et transformées ; c’est valable également dans la société des humains.