Matthias D’Huyvetter développe un traitement radioactif contre le cancer avec Precirix

Precirix développe son produit CAM-H2, qui contient des anticorps radiomarqués, dans le but de détecter et traiter encore plus rapidement les cellules cancéreuses et les métastases sans affecter les tissus sains. Matthias D’Huyvetter avait jeté les bases de cette technologie en 2009, du temps de son doctorat.

 

Des fragments d’anticorps de camélidés

À l’heure actuelle, les thérapies conventionnelles pour lutter contre le cancer, telles que la chirurgie et la radiothérapie externe, peuvent uniquement traiter les tumeurs plus importantes, et doivent pour ce faire traverser du tissu sain. Or, la chimiothérapie endommage le tissu sain. Le CAM-H2 détecte les cellules cancéreuses et les métastases les plus infimes, notamment en cas de cancer du sein et de l’estomac, et les combat immédiatement.

Premier produit de Precirix, CAM-H2 est une protéine de camélidé liée à une matière radioactive qui est injectée dans la circulation sanguine.

Le fragment d’anticorps radioactif CAM-H2 de Precirix a pour avantage qu'il peut atteindre toutes les cellules cancéreuses présentes dans notre corps via la circulation sanguine, sans toucher aux tissus sains.

 

Pourquoi précisément des fragments d’anticorps de camélidés ? Matthias D’Huyvetter l’explique : « Parce qu'ils se comportent de manière fantastique dans le corps humain. Grâce à leurs propriétés spécifiques, ils se propagent rapidement dans l'organisme et sont capables de stimuler certaines fonctions, ou au contraire d’en inhiber. Ces anticorps sont en outre utilisés pour lutter, par exemple, contre le coronavirus et les maladies musculaires. Les protéines servent purement et simplement de moyen de transport. Parallèlement au CAM-H2, nous travaillons aussi à de nouveaux fragments d’anticorps radiomarqués capables de détecter et traiter d'autres types de cancers ».

 

Camel-IDS, une spin-off de la VUB

Matthias D’Huyvetter œuvre à ce projet depuis 2009. Il a commencé sa carrière comme doctorant au laboratoire de la VUB de Tony Lahoutte. À l’époque, il travaillait déjà sur des fragments d'anticorps radiomarqués destinés au traitement du cancer. Matthias a aussi travaillé durant quelques années à la Duke University (aux États-Unis) avant de contribuer, en 2014, à la fondation de Camel-IDS, spin-off de la VUB et précurseur de Precirix. « J'ai toujours été fasciné par la recherche sur les médicaments et leurs effets sur l’organisme humain. La recherche peut prendre des années, l’objectif final est de pouvoir combattre les métastases cancéreuses difficiles à traiter chez les patients. »

 

Des débuts passionnants : quand le chercheur devient entrepreneur

Matthias D’Huyvetter : « Les premières années se sont avérées terriblement passionnantes. Precirix, qui s’appelait encore Camel-IDS à l'époque, a été fondée par 5 chercheurs de la VUB et un entrepreneur, qui se réunissaient quasiment tous les jours pour discuter des avancées. Les premières années, nous avons reçu le soutien financier d’Innoviris, de la Fondation Fournier-Majoie et d’un groupe de business angels. Nous sommes parvenus à réaliser de gros progrès avec de petits budgets. Les choses ont évolué si vite que du jour au lendemain, nous n’avons plus seulement été des chercheurs, mais aussi des entrepreneurs et des commerciaux ».

 

Une injection de capital de 37 millions d’euros

Pour continuer à se professionnaliser et mener des études cliniques de grande ampleur, le spin-off avait besoin d'investisseurs et devait se doter d'une direction. En 2019, Matthias a décroché un EMBA à l’Antwerp Management School. Ruth Devenyns a assuré la direction en qualité de CEO. Et l'équipe s’est progressivement développée. En 2018, Precirix, qui s’appelait encore Camel-IDS, a levé un capital-investissement de 37 millions d’euros, ce qui allait marquer une étape importante. Le groupe d’investisseurs s’est également étoffé avec l’arrivée de 6 nouveaux acteurs nationaux et internationaux. L’entreprise emploie désormais 30 personnes.
 

Des études cliniques à grande échelle

En 2016, les chercheurs ont terminé la première phase de l’essai clinique destinée à évaluer l’efficacité du produit CAM-H2. C’est alors qu’a débuté une grande étude clinique, approuvée par la FDA (agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux), dans certains hôpitaux situés au Canada, au Royaume-Uni et, dans une phase ultérieure, en Belgique et dans les pays voisins. L’entreprise bruxelloise Precirix espère être en mesure de commercialiser le traitement au cours de cette décennie, avec d’ici là la preuve de son efficacité clinique.
 

Parcours sans faute

Aiko Gryspeirt, conseillère scientifique chez Innoviris, explique les facteurs de ce succès : « Bruxelles est un bouillon de culture pour tout ce qui a trait aux sciences de la vie. Et dans notre région, Precirix est un acteur de premier plan dans le secteur de la biotechnologie. En effet, grâce à ses nombreux hôpitaux et à sa proximité avec ‘le vaisseau mère’ qu’est la VUB, la capitale est l'emplacement idéal pour l’entreprise. Innoviris la suit et la soutient depuis de nombreuses années. Son parcours est un cas d'école : des débuts comme sujet de thèse de doctorat, un cheminement sous forme de spin-off, une évolution grâce à l’injection de capitaux, et maintenant la validation internationale des recherches. Nous sommes fiers de pouvoir être témoins de cette réussite que nous avons toujours fidèlement soutenue ».

 

Chercher une valeur ajoutée pour les patients atteints d'un cancer

Matthias D’Huyvetter :

Par le passé, j’ai aussi mené des recherches sur le VIH, un virus complexe qui donne du fil à retordre au cerveau humain. La lutte contre le cancer constitue elle aussi un défi colossal. Je participe désormais à un projet qui, je l’espère, représentera une énorme valeur ajoutée pour les patients atteints d’un cancer. En tout cas, les premiers résultats sont très prometteurs. Car dans les premières phases de l’étude, notre produit CAM-H2 fait exactement ce qu'il est censé faire. Cela m’encourage jour après jour à continuer sur cette voie.

Vous cherchez des partenaires ou des investisseurs dans les domaines des sciences et des technologies à Bruxelles ? Ou vous auriez besoin d’utiliser un laboratoire ? Chez Innoviris, vous êtes à la bonne adresse : nous finançons les organismes de recherche et les entreprises qui collaborent à des projets de R&D. Innoviris est là pour vous guider et vous mettre en contact avec les bonnes personnes.  Une dernière astuce : au début de chaque année, nous lançons un nouvel appel à projets.

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