Veronique De Leener renforce les compétences numériques des habitants de Cureghem et de ses environs

Veronique De Leener a travaillé 14 ans dans un centre de formation à temps partiel à Molenbeek, comme enseignante et coordinatrice. Lorsque la Commission communautaire flamande a débloqué des fonds pour lutter contre la pauvreté des jeunes de Cureghem, elle a saisi l’opportunité. En 1999, elle a ainsi créé l’asbl Maks, une organisation qui renforce les compétences numériques des groupes vulnérables dans les quartiers les plus pauvres de Bruxelles et les aide à découvrir leurs talents. L’un de ses projets est Capital Digital, une école de programmation où des jeunes de 15 à 18 ans donnent cours à des enfants de 8 à 12 ans. « Les jeunes découvrent leurs points forts, gagnent en confiance et réussissent souvent mieux à l’école », précise Veronique De Leener.

 

De la salle informatique à Capital Digital

L’une des premières initiatives de l’asbl Maks en 1999 a été de rendre une série d’ordinateurs accessibles au quartier. Tous les jours, entre 16 et 18 heures, une file d’enfants piaffaient d’impatience de jouer. Veronique a voulu mettre à profit cet enthousiasme. Jouer à des jeux, c’est amusant ; créer ses propres jeux l’est encore plus. Les premières séances de programmation et de codage se sont transformées en camps numériques. Capital Digital était née. Aujourd’hui, les jeunes du quartier peuvent suivre des cours à chaque période de vacances, pour apprendre le langage informatique, créer des jeux, des applications et de la musique et programmer des robots.

Nous renforçons les connaissances numériques, les compétences pédagogiques, ainsi que la confiance en soi des demandeurs d’emploi de longue durée et des jeunes.

Connaissances numériques et confiance en soi

Capital Digital est bien plus qu’un projet d’apprentissage du numérique. Ainsi, ce sont les enfants plus âgés qui enseignent aux plus jeunes. Les jeunes de 15 à 18 ans bénéficient à leur tour d’une formation et d’un accompagnement de la part de demandeurs d’emploi de longue durée, spécialement formés à cet effet. « Nous renforçons les connaissances numériques, les compétences pédagogiques, ainsi que la confiance en soi des demandeurs d’emploi de longue durée et des jeunes. Désormais, les jeunes qui traînaient en rue ont le statut d’institutrices ou d’instituteurs. Ils sont respectés. Les parents nous téléphonent parfois pour nous dire que leur fils ou leur fille réussit mieux à l’école depuis sa participation aux activités de Capital Digital. La réaction des jeunes est assez amusante : comme ils sont eux-mêmes face à une classe, ils remarquent combien il est ennuyeux que les élèves ne soient pas attentifs ou fassent du bruit. Ils acquièrent ainsi plus de respect pour leurs propres enseignants. Entre-temps, bon nombre de nos animateurs ont d’ailleurs opté pour une formation d’enseignant. », précise Veronique De Leener.

 

Des modèles féminins pour les STEM

Innoviris finance le projet Capital Digital depuis quelques années. Pour Evy Ceuleers, Team Leader Science Promotion chez Innoviris, c’est précisément ce large impact qui est décisif : « Veronique ne réagit pas seulement à l’importance de la culture numérique et à la forte pénurie de profils informatiques. Elle réussit à toucher un groupe important de jeunes vulnérables et leur entourage. Je suis toujours frappée par le nombre de filles qui participent. Les plus âgées deviennent des modèles pour les jeunes enfants et optent pour des formations et des professions technologiques, techniques et scientifiques. C’est fantastique de voir cela. »

 

De plus en plus de parents participent

Autre effet positif de Capital Digital : de plus en plus de parents s’inscrivent aux activités de l’asbl Maks. Ils voient tout ce que leurs enfants tirent d’un ordinateur et veulent soutenir leur progéniture. De cette façon, ils apprennent eux aussi à se débrouiller sur Internet. Que vous souhaitiez demander une bourse d’études, poser une question à votre banque ou recevoir gratuitement les Railpass Hello Belgium, aujourd’hui, tout se fait en ligne.

Avec ses cours de programmation, Capital Digital touche un large groupe de jeunes vulnérables et leur entourage.

Pour utiliser un ordinateur, il faut enseigner

Depuis la crise du coronavirus, la vie est encore plus digitale. Mais comment faire quand on n’a pas d’ordinateur ou de connexion Internet ? Avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin, l’asbl Maks a distribué des ordinateurs dans le quartier. Mais pas n’importe comment. Veronique De Leener  explique que: « les jeunes reçoivent un ordinateur à deux conditions. Premièrement, suivre une formation en matière de sécurité sur Internet et de maintenance informatique. Et deuxièmement, donner des cours d’informatique à au moins cinq personnes. Lorsqu’on est confronté à la discrimination toute sa vie, on a tendance à se considérer comme une victime. Avec ces ordinateurs, nous leur “bottons les fesses”. Au lieu d’attendre de l’aide, ils apprennent à prendre eux-mêmes l’initiative. »

Aujourd’hui, Veronique De Leener organise des clubs pour les « makers » de 12 à 14 ans, donne des cours de codage à l’école et s’est lancée dans le storytelling numérique. De quoi rêve-t-elle encore ? D’un peu plus de sécurité financière pour l’asbl et de la reconnaissance d’une véritable académie STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) à Bruxelles.

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